Mon premier instrument

DÈS LEURS PREMIERS MOIS DE VIE, LES TOUT-PETITS PEUVENT DÉJÀ EXPLORER DIFFÉRENTS INSTRUMENTS DE MUSIQUE. PAR OÙ COMMENCER POUR LES INITIER? Par Véronique Daudelin

Les enfants sont d’emblée sensibles aux sons et à la musique. Si tous ne sont pas destinés à devenir musiciens, chacun peut développer un intérêt pour un ou plusieurs instruments. À cet égard, les parents jouent évidemment un rôle prédominant.

La première étape? Selon Nathalie Leroux, musicothérapeute et professeure d’éveil musical, dès les premières semaines de vie de leur enfant, les parents doivent le laisser en contact avec les bruits de la maison et de la nature plutôt que d’essayer de le plonger dans le silence. «On doit s’éveiller nous-mêmes à éveiller nos enfants aux sons!» lance-t-elle.

Car c’est bel et bien de sons dont il s’agit au début. Il faut sortir du cadre selon lequel la musique est une pièce musicale et explorer plutôt les sons graves et aigus, doux et forts, ainsi que les vibrations qu’ils produisent. Pour ce faire, nul besoin de se précipiter dans un magasin d’instruments de musique. Dans un premier temps, on peut simplement laisser nos tout-petits s’en donner à cœur joie dans notre armoire de chaudrons et de contenants en plastique, puis sortir nos cuillères de bois pour faire résonner nos casseroles.

Par la suite, Nathalie Leroux propose de poursuivre avec des tambours, que l’enfant peut explorer directement avec ses mains, ce qui est plus facile qu’avec des maillets: «Les percussions, on n’a pas besoin de savoir en jouer, alors tous les parents peuvent commencer avec ça.» Il ne s’agit pas seulement de frapper la peau du tambour, mais aussi de la gratter, de la piquer, de la chatouiller, de la flatter... On explore donc non seulement les sons, mais aussi l’aspect sensoriel. On peut également chanter une chanson et demander à l’enfant de battre le rythme ou d’intervenir avec son instrument à un moment précis, pour lequel il doit se tenir prêt.

Parmi les autres instruments que la musicothérapeute utilise avec les bambins de moins de 18 mois, il y a les carillons, le bâton de pluie et les maracas. Pour un parent qui joue de la guitare ou du ukulélé, il est également possible de faire les accords sur ces instruments et de laisser l’enfant gratter les cordes. «Quand le petit réalise que c’est lui qui produit le son, à ses yeux, c’est comme de la magie!»

Faire le bon choix

Devrait-on investir dans de vrais instruments de musique ou est-il tout aussi valable d’opter pour des instruments jouets? Si on peut avoir une réticence envers certains jouets dont le son, de piètre qualité, ne permet pas un bon développement de l’oreille, Nathalie Leroux apporte pour sa part une nuance à ce propos: «Les instruments de musique coûtent cher. Si leur prix nous oblige à limiter l’exploration de l’enfant, mieux vaut aller vers les pots de plastique ou les instruments jouets. Car l’enfant apprend par le jeu, mais encore faut-il que les objets en question soient disponibles!» Le bon compromis? Un vrai instrument de musique conçu pour les enfants, souvent plus solide que la version pour adulte, ou encore un instrument qui ne s’abîme tout simplement pas, comme les claves.

C’est vers l’âge de quatre ans qu’il devient plus réaliste d’apprendre véritablement à jouer d’un instrument de musique. Plus l’enfant a été exposé à des chansons dès son plus jeune âge, plus il aura de plaisir à reproduire les mélodies qu’il connaît. Quant au choix de l’instrument, les parents peuvent déceler l’intérêt de leur enfant en observant sa réaction à l’écoute. Le piano demeure néanmoins un choix très populaire pour les cours de musique, car il a l’avantage de ne pas fausser et de faire travailler les deux mains.

Chose certaine, pour apprendre à jouer d’un instrument, ça prend de la persévérance... qu’on ne peut trouver qu’en ayant du plaisir! Selon Nathalie Leroux, la personne qui accompagne l’enfant y contribue beaucoup. «Il faut être à l’écoute de l’enfant et ne pas lui mettre de pression. Abordons tout ça comme un apprentissage, pas comme une performance!»